NOTE : LES
TABLEAUX PRÉSENTÉS SUR LES PAGES DES ARTISTES SONT DES EXEMPLES DU
TRAVAIL DE CEUX-CI ET NE SONT PAS NÉCÉSSAIREMENT DISPONIBLES
NOTE :
PAINTING ON THE ARTISTS' PAGES ARE SHOWN AS EXAMPLES OF THEIR WORK
AND ARE NOT NECESSARILY AVAILABLE
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JOHN DER
1929 - 1996
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►GALERIES / GALLERIES◄ |
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EST DU / EASTERN
CANADA
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OUEST DU /WESTERN CANADA
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Avec Multi Art depuis plus de
20 ans / With Multi Art for over 20 years
John
Der (1926 - 1996),
c’est la vie! Un tableau de John Der, c’est la vie en images; la vie
de John Der, c’est toute une vie. Peintre saskatchewanais maintenant
Québécois, il est devenu professionnel sur le tard, à 55 ans pour
être exact. Agent d’assurances et peintre du dimanche, il vit bien.
Il décide de revenir à ses amours et de consacrer sa vie à ce qu’il
aime : la peinture.
Comme
tout le monde, il fait le tour des galeries de Montréal pour vendre
ses œuvres; le directeur d’une des veilles galeries-sanctuaires de
l’art à Montréal lui répond en voyant ses œuvres : « Vous êtes trop
vieux… » Depuis ce moment il vit de son art, travaille cinq jours
par semaine et il est heureux. C’est une des seules personnes que je
connaisse qui ne souhaite pas gagner la Loto. « Je ne serais pas
plus heureux… »
On
dirait qu’il a gardé l’allure du marin de marine marchande qu’il
était quand il était plus jeune. Il dessine continuellement et
fréquente l’École du Musée des beaux-arts. Il exerce son talent
comme caricaturiste et concepteur de bandes dessinées pendant de
nombreuses années à la Gazette, dans les bars à la mode comme
l’Esquire Show Bar ou au Mountain Playhouse. Il y a surtout eu
l’occasion d’épier la faune humaine.
Der
ne fait que ça : observer… et peindre ce qu’il observe. Dans le
petit restaurant français où nous dînions, il regarde et dit : «
Regarde autour, on pourrait faire plusieurs tableaux ici. Je n’ai
pas mon calepin, mais regarde cette jolie fille, elle a de
magnifiques mains, de grands doigts et une pose tout à fait
remarquable. » Il n’avait pas besoin de me dire que c’était, avec
l’allure générale des personnages et qui sont terminés par
d’immenses mains qui appuient, se croisent, grattent et reflètent à
elles seules toutes les personnalités.
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La très belle tête de cette belle Martiniquaise ne l’avait pas
distrait de son centre d’attraction préféré. « Et ces deux
amoureux, ils sont bien sérieux, j’aimerais bien savoir ce
qu’ils se disent. Ça en vaut sûrement la peine. » Je n’avais vu
qu’un couple en train de dîner. « Quand on s’arrête et qu’on
observe bien, dit-il, on voit beaucoup de choses et on peut voir
les différences, saisir les personnalités. Je pourrais faire la
différence entre un Néo-Écossais et un Terre-Neuvien, rien qu’à
les regarder! »
Ces scènes de la vie quotidienne, on les retrouvera peut-être
dans un des prochains tableaux de John Der, vues à travers son
œil un peu caustique, un peu ironique, non pas de vraies
caricatures, mais sa vision personnelle et impressionniste de la
vie de tous les jours. Curieusement, il assimile facilement ses
tableaux pleins de personnages à des paysages. Il compare ses
personnages à des arbres, et les lignes de ses tableaux ne sont
là que pour capter l’impression, l’atmosphère. Son œil, comme
ses tableaux, est, comme lui, bon enfant.
Ce qu’il traduit dans ses personnages est toujours
caractéristique : des scènes accentuées, des tranches de vie
transposées avec humour.
Der ne cherche pas à se moquer, il transpose dans ses œuvres une
vision personnelle. Nos amis anglais diraient « tongue in cheek
», ce qui traduit bien cette vision si particulière. Ses œuvres
ne déclenchent pas le rire, mais un sourire et on a le goût de
dire : bien observé, mon cher Der!
Les groupes qu’il observe déterminent souvent la composition des
tableaux. Si l’œil est attiré par le groupe, il faut aussi
regarder tous les détails; ce sont eux qui font la force de
l’œuvre. Des personnages souvent sans détail dont les volumes
suffisent à créer l’ambiance et à donner sa vision de la société
qu’il dépeint. Mais souvent, des détails apparaissent comme pour
accentuer le réalisme : une bouteille de Molson Export, une
boîte de Tide, un sac de Steinberg. |
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Der n’est pas sculpteur mais on n’est pas surpris le moins du
monde de retrouver au Balcon d’Art, un petit bronze, un
exemplaire unique, où les dos courbés de ses personnages
caractéristiques, amples, qui tournent le dos à l’observateur,
rappellent un caucus. On ne pourrait pas entendre les secrets ou
la stratégie qu’ils s’échangent. On dirait que cette sculpture
est là pour confirmer que sa peinture est sculpturale,
généralement esquissée, juste assez pour laisser deviner la
forme.
Les enfants occupent une place prépondérante, mais on dirait
qu’ils sont là comme faire-valoir, pour souligner les travers
des adultes. À propos de cette évidente prédilection, Der a ce
commentaire savoureux qu’il transpose souvent dans ses
illustrations d’enfants : « Un enfant qui imite un adulte est
bien plus drôle que celui qu’il imite! »
Ce merveilleux sens de l’observation, cette vision personnelle
de la société sont extraordinairement séduisants et nous offrent
d’heureuses éclaircies dans le monde terne où nous vivons. Vous
aurez peut-être la chance de le voir exercer; il n’aime rien de
mieux que de participer à des symposiums comme celui de
Baie-Comeau qu’il fréquente depuis plusieurs années. Mais
attention, s’il aime rencontrer son public et recevoir ses
commentaires, vous risquez vous aussi d’être l’objet d’une de
ses perspicaces observations-tableaux.
Grâce à Multi Art qui se charge de la diffusion de ses œuvres,
John Der vit de son œuvre qu’on peut voir dans de nombreuses
galeries de tout le Québec et du Canada où il se retrouve aux
côtés de Paul Tex Lecor, de Littorio Del Signore, de Normand
Hudon et autres de la même écurie.
Bernard Théoret
(Magazin’Art, 5e Année, No 3, Printemps 1993) |
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John
Der left us at the beginning of the year. Too soon, we hasten to
add. An engaging man and an artist of great sensitivity. John Der
often painted characters rather like himself. They are friendly
giants with ham hock hands, all seemingly sketched live by a
raconteur of sorts whose great talent we are only beginning to
appreciate.
The
artist is gone, but his work remains. John Der left us incredible
number of paintings, of which many already belong to collectors
attracted by his unique way of translating daily life to the canvas.
John
Der created his own country fairs. He painted a kind of rural life
that mixed youngsters, parishioner, animals, an habitants, in other
words, a veritable fresco of types, customs and activities
representative of the likeable yet gritty world that is Quebec. The
bulk of his work is somewhat reminiscent of a certain Ruben’s
masterpiece exhibited at the Louvre in which the notions of movement
and liberty are fully exploited.
John
Der had a quality rarely found in artist here- a sense of humour! In
a genre that verges on debauchery, he remains smiling and friendly.
His paintings deal with daily task, occupations and pastimes which
are the fruit of his observations and knowledge of the rural way of
life, which may be real but remains strange to the many urbanites
among us.
Der’s
art stands our from the conventional, mawkish art which many Quebec
painters produce, e.g. dull landscapes, insignificant still life’s,
pompous characters and, in the case of abstract art, anaemic
schemas. Generally speaking, our artistic milieu is too stiff, too
timid, too uniform. Our society suffers from a certain moroseness
which makes the Juliens, La Palmes, Hudons, Chapleaus look
revolutionary. They actually laugh, criticize and enjoy themselves!
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At first glance, Der’s compositions show common, larger than
life figures in compact, glutinous groups. His characters are
embraced, attached, grabbed. They have real « mugs » rather than
faces. Their hands are bloated; their feet, shod in clogs. These
people bend their elbows, stuff their face, chew the fat… Their
heads sport a shock of hair or a wig, as well as skull caps,
berets, cloches, bonnets, helmets, caps and tuques. Their bodies
are imposing and their gestures work with the force of gravity.
Whatever the circumstances. Der’s characters appear in pastel
tones that make the viewer forget the medium is oil on Masonite.
Der’s painting remind the viewer of sculptures. The influence of
the sculpture likely comes from the artist’s studies with John
Byers. However, Der remained a marvellous drawer for whom line
structured each scene. His is a supple, sensitive, omnipresent
line.
Born in Canora, Saskatchewan, John Der hung his hat on many a
hook across North America and rubbed shoulders with many
characters. After living for a while in Toronto, he enrolled in
the merchant marine and sailed the Great Lakes and beyond. He
got married in Montreal, where he worked in caricature and
comics before studying at the Montreal Museum of Fine Arts.
There John met Arthur Lismer, Marian Scott and Jacques de
Tonnancour. Colourful, like La Palme and Hudon, Der was often
invited to take part in television programs.
Der lived in Rosemere, north of Montreal, where he supported his
family by working as a agent and broker. During a trip to
Florida in 1982, he decided to devote himself full-time to
painting.
The value of an artist is often judged according to the memories
and names that he/she evokes. In this case, the artist lead us
not to the impressionists or European landscape artist, but
rather to Bruegel l'Aine, Bosch, Callot, Daumier, Rowlandson
(British) Kokusai (Japanese) Benton and Cadmus (American) end
even Picasso. If the analogy were continued, Rabelais’ name
might crop up!
In other words, Ser was not the artist painting old houses,
barns, fences, churches or ruin. His art has always been current
and realist. John Der saw Quebec as it is : alive, tender,
passionate and always true. He also managed to season his work
with finesse and lucidity.
Paul Gladu
Magazin’Art Fall 1996 |
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